Cet article est une invitation à la réflexion sur les fins de la science, et des nouvelles technologies. L’histoire des civilisations est toujours accompagnée de progrès technique pour améliorer la condition humaine. Depuis trois siècles, l’homme s’est lancé dans une compétition sans précédent pour dominer la nature et le cosmos et les soumettre à son autorité. Cette vision est celle annoncée par Descartes : « une science qui nous rende maîtres et possesseurs de la nature ». Nous assistons à une accélération du triple moteur science – technique – économie. On entre dans un monde ou le partage de la connaissance crée de la valeur d’une manière infinie, dite économie de la connaissance.
Un nouveau rapport de l’homme à la technique se crée et une nouvelle société humaine se dessine. « Le transhumanisme », nouvelle philosophie qui progresse et qui prétend qu’il est possible d’améliorer l’humanité par la science et la technologie. Elle vise à libérer l’Homme de ses limites biologiques, en surmontant l’évolution naturelle, on parle de « l’homme augmenté ».
Nous sommes face à un tsunami technologique qui est en train de bouleverser notre quotidien, autour de nous des réalités changent chaque jour, de grandes entreprises et des start-ups, annoncent des projets de transformation et de mutations dans les domaine des neurosciences et de l’intelligence artificielle. La science dicte son paradigme et son ordre à tous, et s’attribue le pouvoir de combler tous les vœux de l’homme, au nom de la liberté, tout est sujet de recherches et de développement, rien ne semble arrêter ou ralentir la machine, comme si courir et accélérer, signifient être en vie, et s’arrêter pour sentir les choses et reprendre la vie, serait plutôt signe de mort.
L’intelligence artificielle avance à grands pas, des milliards d’objets connectés vont envahir notre espace dans les prochaines années. Des robots jusqu’ici dans les usines, seront déployés dans nos espaces de vie quotidien, une nouvelle communauté communicante avec les humains. Alors, quel rapport développons-nous avec ces objets ? pourrions-nous imaginer une relation dite avec l’autre ? Imaginons-nous un débat sur le lien social avec ces objets ? Pour sa part Stéphane Hawking (1), s’inquiète en disant que « une fois que les hommes auraient développé l’intelligence artificielle, celle-ci décollerait seule, et se redéfinirait de plus en plus vite », et il continue à dire « les humains, limités par une lente évolution biologique, ne pourraient pas rivaliser et seraient dépassés ». L’intelligence artificielle nous impose aujourd’hui des débats sur l’avenir de l’emploi.
De grandes questions d’éthique et de justice social se posent, la science a-t-elle la liberté d’avoir le monopole des moyens et des fins ? Quel type de vie souhaite nous offrir les nouvelles technologies ? Augmenter l’espérance de vie, éradiquer la maladie, disposer du temps libre. Quoi faire du temps gagné en espérance ? quels sont la finalité et le but réellement recherchés ? est-ce pour maintenir l’homme plus longtemps en bonne santé afin de faire de lui un consommateur économique de longue durée, pour servir des intérêts économiques et matérielles.
L’homme veut-il reculer la mort, par peur d’un monde (l’Au-Delà) qu’il ne connait pas et que la science ne peut pas l’expérimenter, seuls les religions appréhendent le sujet de l’au-delà à travers les révélations divines ? Les nouvelles technologies imposent à l’homme et au sociétés de se remettre en cause, et de s’adapter à leur ordre. Les prémisses d’une déshumanisation de nos sociétés, sont visibles. La science et les technologies ne sont que produits de l’intelligence humaine. L’homme se doit de retrouver sa raison raisonnée, et sa conscience, essence même de l’âme, création divine, qui lui permet de distinguer le bien du mal, le juste du faux. Rabelais nous disait que “Science sans conscience n’est que ruine de l’âme”.
(1) Stepahne Hawking : physicien théoricien et cosmologiste britannique
Noreddine ZIANI