C’est en ce mois de Ramadan, moment d’inspiration de miséricorde et d‘adoration, que les croyants observent le jeûne, pensent et œuvrent avec des actions, des gestes qui les rapprochent de Dieu, s’adonnent collectivement et individuellement pour aller plus loin dans les actions méritoires pour vivre dans la proximité.
Transcender le monde matériel et retrouver des moments de spiritualité, ou l’Homme retrouve son soi, des moments de transformation et de réforme de l’être, ou le cœur retrouve un espace de vie et d’expression auprès de son Créateur. Le cœur savoure les moments d’amour et de lien avec le Créateur. Dans les champs de l’Amour à travers la lecture du Coran, les prières, les invocations, chacun a besoin de renouer le lien avec soi-même et avec Dieu.
J’ai décidé de vous parler d’une histoire qui m’a marquée ces derniers jours. C’est l’histoire d’une enfant qui se trouve seule face à la mort et c’est ainsi que j’intitule l’article « Une enfant Seule face à la mort ».
Cette enfant d’à peine 9 ans qui a vécu jusqu’ici sa petite enfance auprès de sa mère, les parents étant divorcés depuis quelques années. L’enfant n’a profitée de la tendresse et de la présence d’un père, elle porte en elle un silence de chagrin qu’elle retrouve chaque soir à la rentrée de l’école. La tristesse, qui remplace l’absence de son père qu’elle n’a pas vu depuis quelques années. Elle n’aime pas retrouver la nuit, symbole de la solitude et des pleurs, et souhaite que le jour dure plus longtemps, voire devienne infini. Que chaque jour soit jour d’école, une école inscrite dans le temps du jour, afin de fuir le chagrin et les souvenirs, rester avec ses amis, ses camarades de classe, remplacer le vide qui est en elle.
L’avenir de l’enfant ne semble pas apporter lumière pour changer sa tristesse et apaiser de ses souffrances. Quand un jour, les médecins découvrent que la mère est atteinte d’une maladie chronique incurable et que sa vie est une question de quelques mois, l’enfant n’a pas encore 9 ans.
La mère lutte contre la maladie et garde l’espoir d’une guérison, elle a besoin de rester en vie pour élever son enfant, lui donner amour et tendresse. Mais le destin décide autrement. La mère, fatiguée, comprend courageusement que la fin de vie s’approche, mais elle garde espoir et foi, profite de sa petite fille, sans lui montrer sa souffrance interne qui la dévore à chaque instant, souffrance de la maladie, souffrance de la séparation.
Toute les questions d’existence, et de sens se défilent à chaque instants devant elle, une à une devant, une mère très malade qui n’a pas la capacité de réfléchir. L’émotion, le cœur, l’affectif et l’intérieur profond prennent le relais de la réflexion, le pourquoi occupe l’espace de vie de la maman, le comment, elle ne le maîtrise pas.
Elle est entre deux mondes, l’interrogation, et la recherche, elle reste sans réponse. Alors qu’elle a besoin d’un soulagement et d’un lien d’espoir, elle essaye de fabriquer et de s’accrocher à quelque chose auquel elle n’arrive pas à donner de sens, mais en vain, elle ne maîtrise rien devant l’inconnu qui s’approche et qui a autorité sur elle, dépourvue de tout …
L’enfant ne voit rien venir, et espère qu’un jour son chagrin se dissimule avec le retour de l’Amour paternel. La petite fille espère vivre une enfance de paix, même si le terme de paix ne veut rien dire sur le plan philosophique et moral pour l’enfant, elle veut sentir le jour et la nuit, elle veut retrouver une vie. Quand la paix intérieure habite nos cœurs on se sent meilleur à tout moment de notre existence, cette quiétude intérieure. Joie interne qu’elle n’a pas connue, mais c’est le souffle primitif (Fitra), qui jaillit par moment dans son âme et son corps. La vérité absolue partagée par tous croyant et non croyant, c’est bien la mort.
La mère meurt, l’enfant se retrouve seule devant le deuil qu’elle ne comprend pas, qu’elle ne mesure pas, et n’arrive pas à interpréter l’intensité de ce qui arrive. Seule devant la solitude, les larmes, les pleurs, et les interrogations qui n’en finissent, l’enfant qui a l’habitude de jouer oublie ses jouets, oublie qu’elle est enfant. Même si elle n’arrive pas à réaliser ce que signifie la mort, on aura beau lui expliquer qu’il s’agit de la fin de quelques choses, mais elle ne préfère pas entendre cela. Elle accepte de ne plus jouer, mais pas de ne plus revoir sa maman, le seul être cher qui lui reste en l’absence du père déjà depuis des années…
La mère, avant sa mort, offrit à sa petite fille à l’occasion de son anniversaire un oiseau, qu’elle gardait soigneusement, c’est le souvenir le plus cher qu’il lui reste de sa maman. Quatre mois passés sur le décès de sa mère, le petit oiseau, retrouve le même destin que celle qui a fait de lui un souvenir cher. La petite fille se réveille un matin pour aller jeter son regard sur ce qui lui reste de sa maman, alors il ne reste plus rien. L’oiseau est mort. La fille réalise aujourd’hui qu’elle est coupée de sa maman, orpheline de la maman et du souvenir.
Pénétrer les sentiments profonds de l’Homme dans ces moments n’est pas un champ d’exploration facile et à la portée de l’Homme, seul Dieu Créateur de l’Homme, accède au mystère des sentiments. Combien d’orphelins dans ce monde sont oubliés, combien sont abandonnés, combien en souffrent dans leurs solitudes et dans notre absence, orphelins de parents, orphelins de sentiments. Faisons de ce mois de rapprochement de Dieu, un chemin de rencontre avec tous ceux qui souffrent dans la solitude.
Noreddine ZIANI
Celui qui trouve Dieu n’est jamais seul. Un cheminement qui prend du temps, qui traverse les souffrances, les séparations, les pertes, les deuils, les désillusions, les éclaircissements, la clarté… Toutes les expériences d’une vie qui auraient pour seul but de nous rappeler à l’Essentiel ici bas. Rien ne remplace personne, mais Dieu est Tout.
Partager l’Amour qui est en nous et que nous avons pour Dieu est la meilleure manière d’être généreux pour partager avec l’autre l’instant présent.
Nous sommes tous voués à souffrir de quelque chose ou de plusieurs choses mais nous avons le choix d’être malgré tout toujours heureux ou malheureux.
Partageons ce que nous avons de meilleur en nous, partageons tout ce que nous pouvons.. pour Semer des graines, belles ou qui le deviendront un jour.