La finalité de toute adoration est la recherche de la proximité Divine, donner sens à sa vie en retrouvant le chemin de l’Amour de Dieu, par le biais d’un engagement sincère et désintéressée de toute considération. Le jeûne est l’une des adorations qui présente la crainte révérencielle de Dieu, à travers une dimension extérieure qui se manifeste dans un effort physique exigeant, qui nous permet d’atteindre une perfection et une transformation de soi, se priver de manger et de boire, contribue à contenir l’amour excessif de soi, bannir l’excès et se libérer de son égoïsme lié à la surconsommation, idéologie de l’économie moderne, qui transforme l’homme en un être sur-consommateur.
Le jeûne nous apprend à consommer avec pudeur et respect, et à développer le sens de la rigueur et du sérieux. S’abstenir à consommer du licite est un appel à s’interroger et à réfléchir sur le sens des priorités de la vie. Devenir authentique, à travers des invocations avec des mots simples, prendre le temps pour méditer et s’écouter. Au final, l’homme peut vivre avec peu et en paix.
Le jeûne commence par l’acte de privation matérielle et se termine par un acte de partage à travers la Zakat, ceci est le sens du jeûne, accéder à l’amour de Dieu à travers un acte d’adoration, qui exige de nous, d’aimer l’autre et de lui apporter assistance, l’amour de Dieu nous renvoi à nos responsabilités et à nos devoirs envers ceux qui jeûnent par condition humaine, qui se battent pour survivre, des milliers meurent de famine chaque jour. Les 85 personnes les plus riches du monde possèdent autant que la moitié la plus pauvre de la population, soit 3,5 milliards de personnes (1). Hélas les souffrances ne s’arrêtent pas, des peuples sont persécutés dans plusieurs zones du monde, d’autres sous la puissance de l’hégémonie se font imposés blocus et embargos économique pour leur infliger souffrance et privation de la vie.
Pourquoi nous ne pouvons pas vivre en paix, la question semble idéaliste. Si l’homme s’est préoccupé de savoir s’il est possible de vivre sans conflit, au-delà de l’idée et de l’espoir, autrement dit chercher dans la profondeur de nous-même, est ce que le conflit qui prend forme politique, voire militaire dans nos sociétés, ne prend pas naissance à la base dans notre intérieur de chacun de nous. Le conflit existe évidemment en nous à cause de nos contradictions intérieures, lesquelles s’expriment extérieurement dans la société, à travers le plaisir, la haine, la compétition et la peur de l’autre, et en face s’exprime l’idée d’une existence sans conflits, sans poussées contradictoires. «La haine n’est pas innée… Les hommes apprennent à haïr, et s’ils peuvent apprendre la haine, alors on peut leur enseigner l’amour, car l’amour gagne plus naturellement le cœur humain que son contraire » (2)
La force de transformation du jeûne doit être partagée avec tous, on est appelé à s’interroger individuellement et collectivement sur le message à transmettre dans nos sociétés à travers l’expérience du jeûne, observer durant le mois du jeûne un moment dédiée à la paix et à la solidarité, qui est par définition une exigence morale et une obligation publique, en organisant des actions de sensibilisation, et de prise de conscience sur les souffrances, les conflits et les injustices dans le monde.
(1) Source : http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/2014
(2) Nelson Mandela
Par Noreddine ZIANI